Les 8 meilleures plantes pour bien dormir
Chère lectrice, cher lecteur,
Il y a ceux qui ont du mal à dormir et ceux qui se réveillent trop tôt. Ceux qui ont le sommeil agité et ceux qui se lèvent pour lire ou pour manger. Il y a ceux, enfin, qui combinent tous les malheurs d’un mauvais sommeil. Bref, nos nuits sont rarement plus belles que nos jours.
Selon l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé, 45% des Français considèrent ne pas dormir assez et manquer de sommeil. Or, un bon sommeil est l’un des principaux facteurs d’une bonne santé psychologique et physique.
Le changement d’heure qui intervient deux fois l’an n’arrange rien à l’affaire : voilà presque 2 semaines que nous sommes passés à « l’heure d’été » et impossible de retrouver mon rythme de sommeil depuis cette date fatidique. Heureusement, la nature a bien fait les choses et nous avons souvent, sans nous en rendre compte, la solution à portée de mains. Depuis la nuit des temps, les hommes connaissent les pouvoirs de plantes et leur rôle sur le sommeil. Mais encore faut-il savoir bien les choisir et les préparer.
Les plantes soporifiques sont tellement efficaces que la plupart des pays ont préféré en interdire l’usage, craignant des effets sociaux catastrophiques.
Quand la vie devient trop dure, quoi de plus tentant que d’avaler une boisson (un philtre, disait-on dans le vocabulaire ancien de la sorcellerie), manger une fleur, ou fumer une plante qui vous plongerait dans un profond sommeil, vous faisant tout oublier ??
Mais j’y reviendrai plus loin.
Pour l’instant, je vous donne ma liste des huit meilleures plantes qui relaxent et donnent un sommeil réparateur. En effet, les plantes soporifiques plus violentes assomment, anesthésient même, et peuvent parfois tuer, mais quand vous vous réveillez (si vous vous réveillez !), vous êtes encore plus patraque qu’avant.
Dans l’ordre des meilleures plantes douces, je citerai :
La valériane, le houblon, la passiflore, l’aubépine, le tilleul, la ballote, le coquelicot (pétales), la verveine officinale.
La valériane (Valeriana officinalis) est de loin la plus reconnue et la plus documentée de ces plantes.
Elle soulage l’agitation et les troubles du sommeil dûs à des états nerveux. Plusieurs études confirment son efficacité comme sédatif (calmant) pour l’insomnie passagère [1]. Son principal mécanisme d’action passe par le système GABA (gamma amino butyrique acide), le neurotransmetteur de la relaxation [2].
Les dosages de valériane recommandés vont de 3 à 9 g de racine séchée par jour. En teinture, la dose usuelle est de 2,5 à 5ml par jour, ou 30 à 60 gouttes jusqu’à 4 fois par jour. Les extraits standardisés existent sous deux concentrations, soit 0,4 % ou 0,8 % d’acide valérénique, et la dose varie de 400 à 900 mg au coucher. Les principes actifs de la valériane sont surtout liposolubles (soluble dans un corps gras), ce qui fait qu’elle est peu efficace sous forme de tisane.
Le houblon est plus connu pour la fabrication de la bière, mais il est très efficace pour les états anxieux, l’agitation et les troubles du sommeil. Il faut en prendre 0,5 à 1 g, 3 fois par jour. En teinture, la dose habituelle est de 1 à 2 ml, 3 à 4 fois par jour, selon vos besoins.
Au sujet de la tisane du soir
Le (gros) inconvénient pour moi de la tisane vespérale (celle qu’on prend le soir) est qu’elle remplit la vessie au mauvais moment… Les hommes d’un certain âge, que la prostate taquine, sont alors réveillés par cette pressante envie, se lèvent, réveillent leur conjointe au passage, et voilà une nouvelle nuit ruinée.
L’avantage, également, des comprimés est que vous y retrouvez le « totum » de la plante, c’est-à-dire toutes les parties, alors que vous n’avez dans la tisane que les composés qui se dissolvent spontanément dans l’eau chaude.
Les teintures (plante ayant macéré dans l’alcool) sont pratiques car quelques gouttes suffisent, diluées dans un fond d’eau, tout comme les huiles essentielles, diluées dans un peu d’huile d’amande douce.
Si vous préférez malgré tout faire de la tisane, veillez à ne pas utiliser d’eau bouillante qui peut détruire certains arômes et principes actifs. La température idéale d’infusion est autour de 85-90°C. Les amateurs de thé ont d’ailleurs l’habitude de dire qu’il faut de l’eau « frémissante » et non bouillante.
Osez les mélanges !
N’hésitez pas enfin à essayer plusieurs plantes, car chacun réagira selon son tempérament. Vous pouvez également faire des combinaisons, comme par exemple un mélange valériane/houblon/passiflore.
L’association valériane/houblon en particulier a fait l’objet de plusieurs études cliniques, dont une dans laquelle on l’a comparée à une benzodiazépine, le lorazépam (Ativan). La combinaison valériane-houblon a été aussi efficace que l’Ativan et a occasionné moins de diminution de la vigilance et d’effet résiduel le matin [3].
Et le vinaigre pour dormir ?
Il existe aussi une préparation peu conventionnelle, peu utilisée en Europe, mais très prisée par les herboristes canadiens pour retrouver un sommeil réparateur : une macération de plantes dans du vinaigre !
Ce vinaigre réalisé avec de l’eschscholtzia (ou le pavot de Californie), une plante magnifique avec ses pétales orangés, à la fois relaxante, apaisante et sans accoutumance [6], est à prendre une heure avant d’aller au lit (sous forme d’une dose diluée dans un verre d’eau).
J’ai découvert cette recette dans la vidéo n°23 de la formation de l’Atelier des Plantes : Christophe Bernard, herbaliste et enseignant à l’Ecole Lyonnaise des Plantes médicinales, y détaille pas à pas les différentes étapes de réalisation. Le résultat est bluffant, mais il faut attendre deux semaines pour utiliser la préparation (j’attends donc avec impatience que ce soit prêt).
L’Atelier des Plantes regorge de recettes naturelles à base de plantes à concocter soi-même pour se soigner sans médicaments. Vous pouvez les découvrir ici.
Plus sur les plantes soporifiques
Vous vous souvenez de l’histoire d’Ulysse lorsqu’il accosta sur la terre des Lotophages, légendaires mangeurs de la plante de lotos :
« Dès que mes compagnons eurent mangé le doux lotos, ils ne songèrent plus ni à leur message, ni au retour ; mais, pleins d’oubli, ils voulaient rester avec les Lotophages et manger du lotos. Et, les reconduisant aux navires, malgré leurs larmes, je les attachai sous les bancs de la cale ; et j’ordonnai à mes chers compagnons de se hâter de monter dans nos navires rapides, de peur qu’en mangeant le lotos, ils oubliassent le retour. » (Homère, L’Odyssée)
Tout oublier, c’est l’effet recherché. Ulysse est obligé « d’attacher ses chers compagnons » aux bancs du bateau pour les emporter, « malgré leurs larmes » … Cela n’est pas sans rappeler un drogué réclamant sa dose !
Mais les hommes connaissent de nombreuses plantes qui plongent dans un profond sommeil et font tout oublier : le pavot, dont sont dérivées l’héroïne et la morphine utilisée en médecine ; les solanacées, une grande famille de plantes à laquelle appartiennent les pommes de terre, les tomates, les poivrons, les aubergines… Elles contiennent un poison, la solanine, qui peut plonger dans le coma et entraîner la mort. Utiliser des feuilles de tomates pour une infusion est potentiellement mortel [4].
Leur problème est que ces plantes soporifiques ne “reposent” pas. Mais ce n’est pas forcément l’effet recherché !
La belladonne, plante des sorcières… et des belles Italiennes
Dans la famille des solanacées, la plante la plus connue pour ses effets soporifiques est la belladone, qu’on utilisait encore pour anesthésier les malades au XIXe siècle.
Lors des sabbats, au Moyen Âge, les sorcières mélangeaient la belladone à d’autres plantes toxiques pour former une pommade. Appliquée sur la peau, elle provoquait des hallucinations. Les sorcières avaient alors l’impression de voler ou encore de voir le diable [5].
Le nom belladone vient de l’italien bella donna, « belle dame ». À la Renaissance, les Italiennes élégantes instillaient dans leurs yeux du jus de belladonne, ce qui dilate la pupille et donne un regard profond et chargé de désir. Nous avons en effet cette réaction naturelle d’avoir la pupille qui se dilate devant un objet suscitant notre envie, et des expériences ont montré que c’est également le cas en amour, ce qui fait réagir la personne regardée, qui se sent désirée.
La belladonne faisait aussi légèrement loucher, ce qui, à l’époque, était un signe de beauté, d’où l’expression « avoir une coquetterie dans l’œil ».
Aujourd’hui, la belladonne est strictement réservée à l’usage pharmaceutique. À petite dose, elle est un calmant et un puissant antidouleur. On l’utilise contre la toux, mais ses effets toxiques pour le système nerveux ont entraîné sa suppression de nombreuses spécialités pharmaceutiques.
L’usage de la belladonne comme drogue hallucinogène est largement tombé dans l’oubli – au profit de drogues chimiques comme l’ecstasy ou le crack dont on ne sait pas trop si elles sont moins ou plus dangereuses…
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
PS : Je vous ai parlé plus haut de l’Atelier des Plantes. Cette formation complète sur les plantes et leur utilisation dans des recettes santé, bien-être, hygiène et beauté est seulement accessible encore quelques jours. En effet, le quota de participants étant bientôt atteint, les inscriptions seront closes le mardi 12 avril à minuit. Si la formation vous intéresse, ne tardez pas à réserver votre place ici.
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Sources :
[1] 1- Balderer G et al. Effects of valerian on human sleep. Psychopharmacology (Berl) 1985;87(4):406-9
2- Gerhard U et al. Vigilance decreasing effect of 2 plant derived sedatives (texte en Allemand)Shweiz Rundsch Med Prax 1996;85(15):473-81.
3- Bourin M et al. A combination of plant extracts in the treatment of outpatients with adjustment disorder with anxious mood : controlled study versus placebo. Fundam Clin Pharmacol 1997; 11(2):127-32
4- Sakamoto T et al. Psychotropic effects of Japanese valerian root extract. Chem Pharm Bull(Tokyo) 1992Mar; 40(3):758-61.
[2] Ortiz JG, Nieves-Natal J, Chavez P. Effects of Valeriana officinalis extracts on [3H]flunitrazepam binding, synaptosomal [3H]GABA uptake, and hippocampal [3H]GABA release. Neurochem Res 1999 Nov;24(11):1373-8.
[3] Shmitz M, Jackel M. Comparative study for assessing quality of life of patients with exogenous sleep disorders treated with hops-valerian preparation and a benzodiazepine drug. (en allemand). Wien Med Wochenschr 1998;148(13):291-8.
[4] Wikipedia : Plante toxique
[5] Wikipedia : Belladone
[6] Une plante déconseillée aux enfants, aux femmes enceintes. Suivre les précautions d’emploi.
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